Demande-moi leurs noms
Un à un, tour à tour,
Chaque lettre sans détour
Je peux t’épeler Ramatoulaye,
J’peux scander le prénom d’Ayman
Demande-moi leurs noms. Les prénoms de ces 40 jeunes qui sont monté·e·s à bord d'un train à Bruxelles, en partance pour Couvin. Pendant le trajet, les échanges prennent vie, tant sous forme de retrouvailles que de mots. Une voyageuse interpelle même le groupe demandant s’il s’agit d’un cercle de poètes et poétesses. Si ça l’est, celui-ci est loin d’avoir disparu.
À leur arrivée au Domaine Saint-Roch, une bulle les englobe et les enveloppe. Le lieu, pourtant à flanc de chaussée, mais également à l’orée d'un bois, offre l’apaisement, le confort et la sérénité. Les participant·e·s se voient déjà encandidat·e·s de la Réciproque Academy, sorte de Star Ac’ qui les verrait déclamer, slamer, s’exprimer. Les feux réchauffent les corps, les flammes lèchent les âmes, les luttes engagées naissantes les brûle. Certain·e·s s’auto-proclament même veilleur·euse·s de nuit, gardien·ne·s du feu. Les braises sont aussi incandescentes que les discussions. Ça chuchote dans les couloirs, ça glousse dans les chambres, ça absorbe les anecdotes au réfectoire.
Demande-moi leurs noms
Saisis l’amour qui règne ici
Emporte-le, il soigne, guérit
Pourtant lui-même est maladie
C’est pas moi, c’est Ilias qui l’dit
Ensemble, iels évoquent l’occupation en Palestine, iels s’époumonnent sur des airs connus aux paroles revisitées, iels philosophent et tentent de différencier vérité et réalité. Grâce à une incroyable équipe de formateur·rice·s, iels découvrent l’expression sous de multiples facettes, autant qu’iels se découvrent elleux-mêmes. Et nous faisons toustes de même lors de la scène ouverte du samedi soir où les talents se dévoilent, sans une once de crainte du jugement, relégué lui au rang de dernier.
Demande-moi leurs noms
Ne te fie pas aux hésitantes et au hasard
Myriame est venue jusqu’à nous
T’as bien fait, non ? C’était fou !
Miriam, bijoux et apparats
Puissance pourtant derrière tout ça
Comme à chaque fois, les aiguilles du temps s’emballent. Dans ces presque trois jours « d’hymne à la voix » (M’peya), les nuits sont trop courtes, les formations défilent, les esprits absorbent. Ces jeunes de 17 à 25 ans courent toustes après chacune des minutes que leur offrent ces Master Class. Preuve en est : même pour attraper leur train retour, iels ont sprinté ! Ce week-end était, là encore, un marathon de bienveillance qui « efface les erreurs et façonne les souvenirs » (Léonie). « Ici, une nation est née en s’affranchissant des frontières. » (Michel) « Les prémices d’un grand combat. » (Enzo) Nous avons libéré « des oiseaux en cage qui en deux jours ont appris à voler » (Adrien).
Demande-moi leurs noms
Je te les citerai toustes ici
Pas un, pas une sans leur dire à la suite : merci !