
Gonzague Dewulf s’est emparé des mots d’Isabelle Wéry dans Rouge Western. Là, sur le podium du stand de la Représentation de la Commission européenne en Belgique, cinq jeunes d’une vingtaine d’années, et représentatif·ve·s de la diversité bruxelloise, font face au public. Chacun·e à leur tour, iels viennent dire, à travers les écrits d’Amin Maalouf, de Goundo Diawara ou encore Kae Tempest, ce qui a construit l’identité européenne au fil des âges.
L’Europe, ou l’Union européenne, c’est une variété de langues, de croyances, de cultures, de mets culinaires, d’attaches et de relations. Alors qui peut prétendre à n’être uniquement “que” Belge, Slovaque ou Espagnol·e ?
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Lors de sa prestation au coeur de la Gare Maritime, Ance Kitembo a choisi d’adapter le texte des Identités Meurtrières : “Lorsqu’on incite nos contemporains à ‘affirmer leur identité’ comme on le fait aujourd'hui, ce qu’on leur dit par là, c’est qu’ils doivent retourner au fond d’eux-mêmes cette prétendue appartenance fondamentale, souvent religieuse, nationale, ethnique ou raciale, et la brandir fièrement à la face des autres.
Quiconque revendique une identité plus complexe se retrouve marginalisé. Un jeune homme né à Bruxelles, de mère congolaise, porte en lui les deux appartenances évidentes, et devrait être en mesure de les assumer l’une et l’autre.”
Charlotte Malrait le rejoint, en s’appuyant elle sur Le Banquet de L. Gaudé :
“Notre continent a inventé des cauchemars, fait gémir ses propres peuples, mais il a aussi su faire naître des lumières qui ont éclairé le monde. Et c’est cette contradiction-là qui nous constitue. À quelle époque, en quels lieux, a-t-on vu semblable aventure politique : vingt-sept nations décidant de faire un grand banquet des peuples ? (…)
Sommes-nous vieux ? Plus maintenant.Regardez : l’Europe se réveille et se secoue le dos.Elle a un beau visage échevelé,Et un appétit de nouveau-né.Une génération s’est mise debout.Le suffrage universel,La liberté de la presse,Le vote des femmes,Un peuple roi pour en finir avec le roi du peuple.”
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Yousra Ben Mehdi fait vivre de sa bouche les mots qu’elle a avalés, engloutis, tant en français qu’en anglais. Elle leur rend hommage en réinterprétant la poésie de l’artiste Kae Tempst :
“Tiens
le temps est un assaut
l’amour est une mission
Tiens bon
demande à tes mains de connaitre ce qu’elles tiennent
Je sais que les jours défilent en rafales stridentes
Mais arrête toi pour respirer et tu sauras que c’est à toi
We are not idiots
On est plus intelligents qu’ils ne croient”

La comédienne et agrégée du Conservatoire royal de Bruxelles, Zélie Sels, conclut par ces mots, ceux de la militante antiraciste Goundo Diawara, parus dans le magazine La Déferlante. Elle revient sur la jeune génération et le pouvoir de l’action collective :
“Osons faire confiance à ces jeunesses pour faire exploser les murs qui maintiennent toujours les mêmes aux marges de la société. Avec ou sans optimisme, il nous faudra mettre la formation et le soin des nos jeunes au cœur de nos stratégies politiques afin qu’elles et ils prennent notre relève pour faire mieux- et qu’on leur épargne nos erreurs grâce au travail de transmission des luttes. Si les années à venir vont être difficiles, le fait de s’attendre au pire ne doit pas nous empêcher d'espérer et de lutter pour le meilleur. Nous sommes des millions, nous sommes le monde d’aujourd’hui et feront celui de demain.”
Modératrice : Ines Talaouanou
Photographe : Lemane Imeri