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Après quatre tours à huis clos à la Maison de la Francité et une demi-finale devant un auditoire foisonnant à l’ULB, les voici dans les loges du Varia, à réciter, répéter, mâcher les mots, encore et encore. Iels se coiffent, se peignent les lèvres, enfilent leurs costumes pour le rôle qu’iels s’apprêtent à jouer. Celui de l’orateur·rice. Adrien, Charlotte, Gonzague et Léonie se préparent à déclamer devant plus de 300 personnes. Quatre étudiant·e·s qui ont décidé de sauter le pas et de se lancer dans ce concours de prise de parole. Avec leur coach, iels s’affairent. On travaille le geste, on agence telle ou telle phrase, on prend le temps de respirer… et on y va !
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Silence. La salle fait silence. Il est passé 20 heures. La salle est comble. Elle peut démarrer, en force. Ines Mhadhebi, lauréate du concours 2023, entame son discours avec des mots en arabe, ceux du poète palestinien Ibrahim Nasrallah:
Et en colère tu dois le rester
Dans cette patrie où même la fleur n’est pas en sécurité, où ni le clou de girofle, ni le lys, ni le jasmin ne peuvent déployer leur parfum
Dans cette patrie qui n’est qu’une fosse qui se resserre… chaque seconde
Et une arène spacieuse pour tuer
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Ines continue à déclamer sur la thématique de la soirée :
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Les vents du sud-est nous ramènent vers l’occident pour nous interroger : « À l’ouest, rien de nouveau ? »
Léonie est la première à se jeter dans l’arène des joutes verbales. Elle nous livre un slam qui nous happe du premier au dernier mot. Elle nous emporte dans les pièges de notre société capitaliste, qui mue nos terres en un climat fantasmagorique pour un avenir apocalyptique.
Gonzague enchaine avec une météo terrible : celle du rien de neuf sous le ciel ombragé, sous la grisaille d’une Bruxelles paralysée. Nous sommes embarqué·e·s dans un tourbillon d’immobilité.
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Il est temps à présent que le deuxième binôme foule les planches. S’il est deux joutes sur scène, doit-on se targuer d’être de l’un ou l’autre camp ? Si nous ne sommes pas juré·e·s, doit-on forcément choisir et renoncer ? Les deux orateur·rice·s suivant·e·s s’élancent avec cette question « Les clans sont-ils à maudire ? ».
Charlotte raconte son histoire : celle des clans de la cour de récré, de ceux qui font et défont des amitiés, de ceux qui marquent l’enfance et enfoncent.
Adrien, quant à lui, invoque l’unification des clans. Loin des champs de bataille et des déplacements en meute, il loue les retrouvailles, qu’importent nos factions et nos drapeaux.
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Notre jury d’exception s’en va délibérer. Adel, Amel Benaissa, Julie Rens, Scylla, Pascale Seys, Christine Paquet et Ines Mhadhebi doivent décider, en une demi-heure à peine, du gagnant·e de cette soirée, de cette année. Chacun·e défend sa prestation favorite, son coup de cœur, son coup de grâce. Pendant ce temps-là, Jérémy transforme le réel et l’impatience du public en un tour de main et de magie. Jeux de cartes et dés pipés, voilà déjà l’heure du verdict arrivée.
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Après une année record en termes de candidatures et de dix semaines d'une intensité folle, une chose est certaine : Réciproque est maître en l’art de tisser des liens et de susciter des émotions.
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