Dès le départ, le ton de cette demi-finale est donné : les élèves des 6 équipes encore en lice vont aborder la mort, le désordre et les barricades. De quoi évoquer le chaos qui règne dans nos sociétés actuelles. Mais sont-ce bien là les raisons de notre monde qui semble devenu incontrôlable ? Par des arguments forts et incroyablement bien construits (quel travail réalisé avec leurs coachs !), les jeunes en présence déstabilisent nos idées reçues et nos idéaux préconçus.
À la question « Peut-on encore mourir ? » ; iels répondront que nous vivons des petites morts plusieurs fois par jour, mais que chaque liberté acquise, chaque nom encore prononcé, chaque trace laissée éloigne les morts vaines et injustifiées. Entre le devoir de mémoire, le génocide des Tutsi ou le bruit des bombes à Gaza, le sujet ne pouvait être plus sombrement dans l'ère du temps. Mais iels y ajoutent de la couleur. Et à l'écoute de cette première joute, le public est conquis ! Entendre des jeunes de 16 à 18 ans évoquer un sujet si tabou, alors qu'il nous concerne pourtant toustes, et qu'il est même au coeur de l'anxiété que certain·e·s peuvent ressentir, vient déjà nous ébahir. Et l’événement ne fait que commencer…
« Nos désirs font-ils désordre ? » Deuxième sujet qui suscite questionnements et réactions. Mais là encore, les punchlines des jeunes orateur·rice·s viennent nous couper l’herbe sous le pied. Le dos bien droit, les pieds ancré·e·s dans le sol , face à un public de 300 personnes issues de dix écoles bruxelloises, iels ont foi en leurs arguments. Ces adolescent·e·s ébranlent nos convictions en expliquant que « le désordre, c’est la norme », que « le désir n’est que la conséquence du chaos », ou encore que « la quête du bonheur mène à un chaos intérieur expansif ».
Une dernière prise de parole pour conclure ce moment qui semble suspendu, un jeudi après-midi de novembre. Assister à ce spectacle, à ce concours, c’est un privilège.
Iels s’appellent Zoey, Mariame, Valentin, Rayane, Sedef, Hatim ou Ayoub, et iels donnent de leur personne, avec conviction.
Pour cette troisième et dernière joute, les élèves doivent s’atteler à réagir à ce sujet: «Les barricades ouvrent-elles la voie ? » Iels évoquent leur timidité comme barrière personnelle (pourtant tellement surpassée pour ce concours!),toutes nos frontières mentales, leur voile brandit en étendard de protection, mais aussi toutes ces barricades invisibles, ou du moins non tangibles, qui gouvernent nos sociétés actuelles: le plafond de verre, l’incompétence apprise ou encore les discriminations systémiques. Et on ne peut qu’opiner du chef en écoutant leurs arguments. Une des dernières phrases viendra s’inscrire profondément dans nos têtes et pousser plus loin la réflexion : «Les frontières ne font que prolonger notre exil.»
Le jury s’en va délibérer et après discussions et débat, lesquatre équipes finalistes sont annoncées : celles portant le nom de MariamSankara, Refaat Alareer, Mélanie Georgiades et Bisan Owda se retrouveront enfinale ce 20 novembre à 19h à l'ULB! Rejoins-nous et réserve ta place.