C’est drôle de se dire que deux personnes ont trouvé mon prénom devant la télévision. Le petit écran faisait défiler une émission française dans un pays arabe.
Ça aura quelques petites conséquences.
Comme avoir l’impression de ne pas appartenir à son pays.
Comme être ni chez moi ni de chez eux.
Comme le cul entre deux chaises et nulle part où s’assoir.
Nulle part où se sentir à l’aise.
Non.
Non, je ne suis pas d’ici, mais j’ai beau le répéter personne ne comprend.
Malheureusement, ce prénom me donne une origine.
Mon prénom est trompeur.
Donc oui.
Oui ça m’énerve de constamment avoir à me justifier sur la langue que je parle car on ne me croit pas.
Ça m’énerve de voir la même expression sur le visage de ces gens quand je leur donne mon prénom.
J’aimeraiS que les gens arrêtent d’associer un prénom à une origine.
Et une origine à une religion.
Un ballet en danse classique.
Un ballet français.
Voilà ce que je suis.
Quoique non, je ne suis pas seulement un ballet.
Je suis une échappée de guerre, une échappée d’un pays qui s’effondre chaque jour un peu plus.
Une échappée d’un pays où je n’ai malheureusement pu marcher que quelques mois.
Me voilà maintenant ici, comme si le destin et mon prénom l’avaient très bien prédit,
dans un endroit où mon prénom est fortement accepté.
Je suis fière d’où je viens,
mais malheureusement mon prénom ne laisse personne ne le deviner puisqu’aucune trace de mon pays ne s’y trouve.
Au fait, je m’appelle Gisèle.