Réciproque en action

"Si l’art n’est pas un jeu d’enfant, ce n’est pas pour autant que les enfants ne peuvent pas faire de l’art."

30/5/2024
Lors de la finale du cycle primaire, les élèves de 5ème et 6ème de quatre écoles bruxelloises sont montées sur scène pour débattre sur l'art à travers leurs mots. Adrien Provost, lauréat du concours d'éloquence Réciproque 2024 et membre du jury pour la finale primaire, leur a fait un joli cadeau : un tableau qui dépeint l'art sans être un jeu d'enfant, mais qui considère ces jeunes orateur·rice·s comme de grand·e·s artistes !

D’abord, il y a le silence sur le terrain vague de l’école. 
Ou alors seulement le bruit du vent dans les feuilles du vieux chêne de la cour de
récréation.
Ensuite, il y a le bruit strident, celui de la cloche qui résonne dans toute l’école et au-delà.


Le temps reprend son cours au fur et à mesure que le brouhaha des enfants sortant
de classe monte. 
La cour de récréation qui était vide et silencieuse se trouve en un instant remplie
par des dizaines de marmots qui la traversent en courant et braillant. 


C’est la récré et pendant la récré, on joue.
On joue aux billes, à l’élastique, au foot.
On joue à cache-cache, touche-touche ou au petit poisson rouge.
On échange des cartes Pokémon.
Les enfants rient et crient et sautent et dansent et courent. 
Celui-là tire la langue, une autre lui répond par un cinglant “neuhneuhneuh”.
Celui-là pêche dans son nez et étale sa prise sous un banc à l’abri des regards. 
Au cœur du cyclone, les maîtres et maîtresse d’école observent le chaos général
d’un air désintéressé.
Et les enfants, iels riront et sauteront et crieront et danseront et courront jusqu’au
prochain son strident de la cloche qui annonce la fin de la récréation.


Les marmots rentrent en rang d’oignon et le silence revient sur le terrain vague de
l’école. 
Enfin, c'est le calme après la tempête. 


Car oui, c’est une véritable tempête qui vient de traverser la cours de récréation.
En attestent les ballons qui roulent encore dans les rigoles,
Une veste perdue sur un banc,
Des plots qui jonchent le sol à côté du bac à rangement,
Un paquet de billes perdu,
Une balle coincée dans les branches du grand chêne.
Que de traces de jeux d’enfants turbulents.


C’est beau les jeux d’enfant…
Mais je ne vois pas le rapport avec l’art.


Le jeu de la création ne dure pas le temps d’une récréation, mais bien des heures,
des jours, des semaines durant.

C’est la boule au ventre et l’esprit torturé que l’on écrit, efface, remplace les mots et les idées.

Et si quand l’on crée, on joue à cache-cache avec la créativité, les limites du jeu sont bien plus étendues que le simple
terrain vague de l’école.


L’art ne suis aucunes règles enfantines. S’il fallait respecter le code couleur d’un
mandala pour devenir artiste, ça se saurait. Non, l’art se réinvente au travers du
regard de chacun·e et il n’a pas pour seule ambition d’amuser la galerie.

L’art est un
enjeu :
il dénonce, pointe du doigt,
il met en lumière et célèbre.
Il émeut, il fait rire ou pleurer.
Il dérange parfois, il inspire souvent, il est indispensable tout le temps.

Si l’art n’est pas un jeu d’enfant,
ce n’est pas pour autant que les enfants ne peuvent pas faire de l’art.


Ce soir, devant vous, ces enfants de cours de récré différentes se sont allié·e·s pour
faire de la parole un art.
Iels ont troqué les billes pour des mots, des balles pour des punchlines et les jeux
virtuels pour un moment bien réel.
Définitivement, l’art n’est pas un jeu d’enfant mais ce soir les enfants ont joué le jeu
et je crois qu’on leur doit une standing ovation digne des plus grand·e·s artistes.

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